
Seuil
Daraya la rebelle ne manque pas d’imagination malgré le chaos qu’elle subit.
« L’obscurité ne peut chasser l’obscurité ; seule la lumière le peut. La haine ne peut chasser la haine ; seul l’amour le peut. » A l’image de cette belle phrase de Martin Luther King, Daraya, la rebelle, ne manque pas d’imagination malgré le chaos qu’elle subit. Ville assiégée depuis 2012 suite aux manifestations pacifistes du début du soulèvement anti-Assad de 2011, elle reste insoumise. Malgré les attaques incessantes au rythme de de bombardements et gaz sarin, Daraya garde la tête haute ne plie pas, ne donne pas son âme malgré son corps décharné.
Tel un fantôme elle impose sa présence.
C’est ainsi, qu’en découvrant des livres sous les décombres de la maison d’un directeur d’école, des jeunes révolutionnaires font le pari de créer en 2013 une bibliothèque souterraine, source de lumière et d’espoir pour échapper à la folie.
Delphine Minoui, grand reporter, spécialiste du monde arabo-musulman découvre un jour une photo de cette bibliothèque secrète. Intriguée elle décide de rentrer en contact avec ces jeunes. Commence alors à travers Skype une correspondance de quatre ans . Elle apprend à connaître ses jeunes, Ahmad, Shadi, Jihad alias « Hussam », Abou Malek mais aussi l’Ustez Muhammed Shihadeh, grand précurseur du mouvement pacifiste ;
A travers ce récit, Delphine Minoui nous ouvre la porte d’un univers incroyable plein d’optimisme. Elle arrive à retracer avec justesse et réalisme le quotidien de ses jeunes dans l’enfer, le rôle clé de cette Bibliothèque qui les aide à tenir, à garder l’espoir à ne pas sombrer dans la folie. Un récit très visuel.
Un témoignage émouvant, beau, lumineux. On en ressort avec le sourire.
A mon sens « Les passeurs de livres de Daraya » mérite le Grand Prix Elle pour la catégorie essai.